Les conséquences du conflit soudanais en Centrafrique
3 juillet 2023La vie tourne au ralenti ici, à Birao. Sur son étal, Aché n’a pas assez d’articles pour satisfaire la demande.
"Vraiment tout est cher et ce que nous avons, ce sont les stocks de sécurité et nous vendons à perte. Nous ne parvenons pas à prendre en charge notre foyer. Par exemple, le bol d’ail qui coutait 1.500 francs CFA à l’achat est désormais à 3.000 francs CFA. Le sel, n’en parlons pas", raconte ce commerçant.
Le conflit soudanais a rompu le circuit d’approvisionnement de la ville. Les livraisons d’hydrocarbures ne proviennent désormais plus du Soudan. Et les prix ne sont pas à la portée de tous. Ousman Ramadan est un vendeur d’essence.
"Le carburant nous vient désormais du Tchad, au lieu du Soudan. On nous le vend à un million pour 200 litres. Du coup, nous vendons le litre à au moins 5.000 francs CFA et nous ne pouvons plus importer via le Soudan", témoigne-t-il.
Le prix du sucre multiplié par six
Juste derrière lui, se trouve un atelier de ferronnerie qui fonctionne grâce à un générateur. Mais malgré la forte demande des clients, Yaya, le propriétaire, doit parfois suspendre son exploitation par manque de carburant.
"Le carburant est cher ici et nous négocions avec les clients pour la livraison de nos produits. Mais c’est difficile parfois car ils ne comprennent pas pourquoi nous augmentons nos tarifs. Si cela perdure, nous serons obligés de fermer l’atelier".
Le prix du sac de sucre est passé de 23.000 à 120.000 francs CFA sur le marché et même à ce prix, il est difficile d’en trouver. Les livraisons sont en effet perturbées par l’état dégradé du réseau routier, aggravé par la saison des pluies, mais aussi par les attaques sur les routes et la persistance du conflit au Soudan.
Les habitants de Birao espèrent donc que le conflit dans le pays voisin prendra bientôt fin, mais la poursuite des combats au Soudan laisse présager une persistance des pénuries de nourriture ou de carburant.