Camps d'internement au Xinjiang : la Chine contredite
25 novembre 2019Les documents classés confidentiels émanent du parti communiste chinois et ont été transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) par des membres de la communauté ouïghoure en exil. Mais une source sur place dans la province du Xinjiang est aussi citée.
Ces documents contiennent des instructions et des recommandations au sujet des mesures sécuritaires prises dans les camps installés dans la région du nord-ouest de la Chine où vit une majorité de Ouïghours.
Un traitement comme en prison
Les pratiques concernent l'enfermement dans des cellules, une vidéosurveillance permanente, des écoutes téléphoniques et des pratiques d'espionnage à l'étranger par le biais des consulats et ambassades. Pour Adrian Zenz, expert à la Fondation du mémorial des victimes du communisme à Washington, "ces documents sont de par leur teneur l'illustration la plus claire et la plus précise de la réalité. C'est une campagne sans pareille d'assimilation, de répression et de rééducation".
Adrian Zenz, comme d'autres experts, constate que ces documents viennent contredire la ligne officielle de défense de la Chine. Pékin explique en effet qu'il s'agit de centres de formation et de dispositif pour la lutte anti-terroriste.
Des éléments contradictoires
Parmi les rares responsables chinois à s'exprimer sur le sujet il y a l'ambassadeur à Londres. Une semaine avant les révélations du consortium de journalistes, le diplomate chinois Liu Xiaoming parlait de fausse information.
Même son de cloche du côté du ministère des Affaires étrangères à Pékin dont le porte-parole, Geng Shuang, déclarait il y a quelques jours que "c'est précisément à cause de la série de mesures préventives, de contre-terrorisme et de déradicalisation prises à temps que le Xinjiang, qui a été sévèrement touché par le terrorisme, n'a pas enregistré un seul acte terroriste depuis trois ans".
En Allemagne, le gouvernement a souvent critiqué l'existence de ces centres d'internement. Mais depuis les révélations du Consortium international de journalistes d'investigation, l'opposition élève la voix et demande à Berlin de dépasser ses intérêts économiques en exprimant une condamnation claire de la politique chinoise au Xinjiang.
L'opinion chinoise manipulée ?
La population chinoise sait peu de choses sur ce qui se passe dans les camps. Et une campagne du gouvernement tente de dissuader les Chinois de se rendre au Xinjiang sous prétexte de l’insécurité qui y régnerait.
Quant à la communauté internationale, elle apparaît divisée entre les pays qui condamnent la Chine et ceux qui soutiennent Pékin. Parmi ceux-ci on compte plusieurs Etats africains dont le Togo, le Cameroun, l’Algérie, l’Angola, le Burkina Faso, le Burundi, les Comores, l’Egypte, l’Erythréee, le Gabon, le Nigeria, la RDC, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Zimbabwe.
En 2014, le président chinois Xi Jinping a lancé ce qu’il a appelé une "guerre du peuple contre le terrorisme" en réponse aux attaques menées par des militants ouïghours radicaux. Fin 2016, la répression s’intensifie dramatiquement avec la nomination de Chen Quanguo, un membre de l’aile dure du parti communiste, à la tête de la province de Xinjiang.