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Cameroun : visite mouvementée du Premier ministre à Matazem

Henri Fotso
6 octobre 2021

Le Premier ministre a dû quitter précipitamment son meeting mais en l’absence d’informations précises sur la nature et l’origine des coups de feu, rien n’indique qu’il s’agissait d’une attaque l’ayant visé.

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La visite du Premier ministre camerounais dans la région anglophone du Nord-Ouest a été interrompue par des tirs d’armes à feu.
La visite du Premier ministre camerounais dans la région anglophone du Nord-Ouest a été interrompue par des tirs d’armes à feu.Image : Présidence du Cameroun

Parti de Yaoundé mardi, le Premier ministre Joseph Dion Ngute se trouvait à Matazem, dans la région anglophone du Nord-Ouest, où il tenait un meeting. Mais la réunion a été interrompue par des détonations.

"Il y a eu des tirs aux environs de 12 h 30. A ce moment-là, chacun cherchait à s’enfuir”, a raconté un témoin oculaire.

La débandade dans le camp du Premier ministre

La scène de panique est filmée par les télévisions présentes. Le Premier ministre, protégé par les éléments du Bataillon d’intervention rapide, est exfiltré et embarqué dans son véhicule. Direction : Bamenda, à une quinzaine de kilomètres de là.

Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.Image : Getty Images/AFP

Il n’est pas possible de dire si les tirs entendus visaient le Premier ministre. Aucune explication officielle n’a été donnée par Yaoundé. Mais un haut responsable de l’armée camerounaise que nous avons pu contacter minimise l’incident. 

Quant à Julius Achu Ngu Tabe, avocat originaire de Matazem où les échanges de tirs ont eu lieu, déroulement des événements ressemble plus à des manœuvres d’intimidations qu’à une attaque sérieuse des rebelles sécessionnistes.

“Je pense que c’était du sabotage parce que les tirs étaient très éloignés du lieu de la cérémonie. Ce sont certaines personnes qui ont voulu faire croire que les Ambazoniens pouvaient attaquer le Premier ministre. Moi je doute fort qu’il s’agissait d’une attaque préparée par les Ambazoniens. Je pense qu’il y a des gens qui veulent que le Premier ministre échoue dans sa mission pour démontrer que dans le Nord-Ouest, on ne l’aime pas alors que ce n’est pas vrai”, a-t-il estimé. 

Vive tension dans le Nord-ouest

Achu Ngu Tabe, estime que la crise qui dure depuis 2016, a créé deux tendances : celle des anglophones qui luttent pour le vivre-ensemble à la suite de l’échec de l’alliance référendaire de 1961, et celle des Ambazoniens qui souhaitent leur indépendance du Cameroun.  

Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.Image : Getty Images/AFP

Dans le reste du pays, alors qu’on s’approche des cinq ans du début de la contestation anglophone, la tension est palpable avec un dispositif sécuritaire renforcé. 

Lundi, une alerte a même été donnée concernant une hypothétique attaque des séparatistes contre des localités francophones. 

Mais là encore, aucun élément ne permet de confirmer l’imminence d’une quelconque offensive.

Malgré l’incident de mardi, le Premier Ministre Dion Ngute poursuit sa mission dans le Nord-Ouest anglophone. Il a tenu aujourd’hui un meeting à l’extérieur au cœur de Bamenda, sur le boulevard nommé Commercial Avenue.

 

Vue arienne sur un carrefour de Douala la nuit
Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais