Côte d'Ivoire : la nouvelle génération aux portes du pouvoir
6 mars 2020Depuis des mois, le président ivoirien entretenait le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat. Mais, le jeudi 5 mars 2020, Alassane Ouattara a créé la surprise en annonçant son intention de ne pas être candidat et de transférer le pouvoir à une jeune génération.
Que faut-il entendre par là et faut-il y voir une manœuvre du président Alassane Ouattara d’exclure de la course à la présidentielle ses principaux rivaux, notamment les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo ?
Non, affirme le député Bema Fofana du RHDP, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, la coalition au pouvoir. " La volonté du président est claire et c’est de passer le flambeau à une nouvelle génération. Ce sera au peuple de le suivre ou pas. J’espère qu’il sera suivi. Henri Konan Bédié pourra être candidat s’il le désire et cela ne changera rien dans la décision prise par le président ", dit le député Fofana.
"C'est au peuple de trancher"
Pour Ouattara Gnonzié président du RPP, le Rassemblement pour la paix et le partage, l’engagement pris par Alassane Ouattara de ne pas briguer un nouveau mandat est à saluer, mais selon lui ce n’est pas au président de définir le profil de son successeur.
"Le passage à une nouvelle génération, je crois que c’est un message qui s’adresse à ses partisans. Il appartient aux partis politiques de faire leur choix. Une élection n’est pas une question d’âge mais d’idées et d’éthique. Dans les grandes démocraties, comme aux Etats-Unis par exemple, il y a des gens de 80 ans qui sont candidats", estime Ouattara Gnonzié.
La nouvelle génération
Parmi les noms qui reviennent sans cesse pour la succession du président Ouattara, il y a notamment ceux de l’actuel premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, 61 ans, considéré comme un bon technocrate mais peu charismatique, ou encore l’ancien chef de la rébellion, Guillaume Soro, 47 ans, qui est poursuivi par la justice ivoirienne.
Pour Sylvain Nguessan, analyste politique, ils sont nombreux à rêver à la succession du président Ouattara. "Les noms qui apparaissent dans la presse pour le RHDP sont ceux d’Amadou Gon Coulibaly, Amon Tanoh Marcel, Hamed Bakayoko, pour le PDCI, Jean Louis Billon et Thierry Tanoh, pour le FPI, madame Simone Gbagbo et Pascal Affi Nguessan, sans oublier Guillaume Soro", selon l'analyste.
La décision d’Alassane Ouattara de ne pas briguer un nouveau mandat pourrait mettre à nu les dissensions au sein de sa propre famille politique quant au choix de celui qui devrait défendre les couleurs du parti au scrutin d’octobre prochain.
Des voix militent de plus en plus pour l’organisation de primaires afin d'éviter une implosion de la coalition au pouvoir. Une rencontre d'échanges et d'explications entre Alassane Ouattara et les cadres de son parti est prévue la semaine prochaine.
La présidentielle en Côte d'Ivoire est prévue en octobre 2020.