Au Bénin, la Criet est décriée
13 décembre 2021La nouvelle Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme a jugé récemment deux opposants : Frédéric Joël Aïvo et Réckyatou Madougou.
Le premier a été condamné à 10 ans de prison pour blanchiment d'argent et l'autre à 20 ans de prison pour financement du terrorisme.
Maître Jacques Migan en est certain : il n'est pas question de parler de procès politique que ce soit dans l'un ou dans l'autre des cas :
"La loi permet à celui qui a perdu d'utiliser les voies de recours. Ces deux procès n'ont rien à voir avec la politique. C'est vrai que ces actes ont été posés par des hommes politiques mais ce n'est pas pour autant qu'on dirait que ce sont des actes politiques. C'est la nature du procès qui importe. Qu'est-ce que ce qu'il faut pour qu'un procès puisse se tenir dans un pays démocratique, est-ce que ces procès ont respecté ces normes que nous appelons celles d'un procès équitable ?"
La Criet un outil du pouvoir ?
L'analyste et politologue Expédit Ologou n'abonde pas dans le même sens. Il estime que la Criet est un moyen de pression et de répression pour décourager les voix critiques :
"Il est difficile de ne pas percevoir dans les décisions de la Criet à propos d'Aïvo et de Madougou, le signal à la discipline, un signal fort aux voix critiques, aux voix insoumises, lorsqu'elles s'engagent dans le champ politique. Comme leçon des décisions de la Criet, qui mal s'exprime ou qui mal agit, peut se retrouver très vite dans les liens de la détention de la Criet. Il y a derrière, une sorte d'injonction à se ranger, à se tenir à carreau lorsqu'on est jeune et qu'on veut pousser à un certain niveau son engagement politique."
Rappelons que le Bénin se prépare à organiser des élections législatives en 2023.