Burkina : lourdes peines pour les auteurs du putsch de 2015
2 septembre 2019Les généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé sont respectivement condamnés à vingt et dix ans d’emprisonnement ferme. Le général Diendéré, l’ex-bras droit de l’ancien président Blaise Compaoré, a été reconnu coupable d’attentat à la sureté de l’Etat et de meurtre. L’ancien ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolé est pour sa part accusé de trahison.
Ce verdict est diversement apprécié. Maître Hervé Kam de la partie civile se réjouit de l’issue de ce procès et estime que le droit a été dit :
"Notre objectif n’était pas la vengeance. C’était ce jugement. Savoir qui a fait quoi ? Aujourd’hui, nous le savons de la bouche même du tribunal et nous pensons aux victimes qui peuvent désormais reposer en paix."
Règlement de compte politique pour la défense
Le général Gilbert Diendéré, perçu comme l’instigateur du putsch, est condamné à vingt ans d’emprisonnement ferme. Ce verdict est perçu comme un règlement de compte politique par son avocat, maître Olivier Yelkouni :
"Il est ostensiblement politique. Il y a d’abord ceux qu’on a protégés, ceux de la hiérarchie militaire. Même les juges qui ont osé les convoquer ont été dessaisis du dossier. Ensuite, on a mis en place une stratégie qui consistait à affaiblir la défense des accusés en déclarant irrecevable la constitution des avocats. Tous les principes d’expertise, de perquisition ont été violés."
Peines disproportionnées pour les proches des victimes
Aziz Dabo, proche de Dijibril Bassolé, ne comprend pas la peine de dix ans d’emprisonnement ferme infligée au général.
"Il n’est ni auteur ni complice de l’attentat à la sûreté de l’Etat mais curieusement condamné parce qu’il a trahi. Je m’interroge…"
Le putsch manqué de septembre 2015 avait fait de nombreuses victimes. Parmi les blessés, Serge Bayala estime que le verdict n’est pas proportionnel aux infractions :
"Le niveau des peines ne correspond même pas au tiers des dégâts humains qui ont été commis. 14 personnes ont été enterrées de façon précipitée par le brigandage de quelques individus qui confondent l’accession au pouvoir par les voies reconnues à cet effet avec l’accession au pouvoir par un coup d’Etat. Le coup d’Etat ne fait pas partie des normes reconnues et admises par la démocratie pour aller à la conquête du pouvoir."
Les peines prononcées sont en effet inférieures aux réquisitions du parquet qui avait souhaité voir les généraux Bassolé et Diendéré condamnés à vie. 84 accusés étaient concernés par ce procès marathon. Six d'entre-eux ont été acquittés.