Burkina Faso : la cohésion sociale à l'épreuve du terrorisme
13 mai 2019S'il est vrai que des chrétiens et des musulmans ont déjà été visés par des attaques djihadistes, cette attaque de ce dimanche 12 mai à Dablo est la deuxième attaque en à peine deux mois visant une église.
En effet, depuis 2015, date des premières attaques terroristes au Burkina Faso, c'est la première fois que deux édifices religieux chrétiens sont touchés en si peu de temps.
L'attaque de Dablo est révélatrice de la volonté des groupes terroristes, opérant dans le nord du pays, de mettre à mal la cohésion sociale entre les populations.
Selon Remis Fulgance Dandjinou, porte-parole du gouvernement, les auteurs de l'attaque ont essayé à plusieurs reprises de mettre les communautés en conflits :
"Il y a quelques temps de cela, c'était des leaders communautaires et les chefs religieux qui étaient assassinés. Aujourd'hui, on s'en prend à notre tolérance interreligieuse qui est un élément très fort dans notre pays. Donc cette attaque vise à remettre en cause notre vivre ensemble. Le gouvernement a réaffirmé sa volonté et sa détermination à identifier les coupables pour qu'ils soient traduits devant la justice et jugés à la hauteur de leur forfait."
Méfiance et vigilance
La montée du djihadisme au Burkina Faso constitue une menace constante pour la cohésion sociale. Le terrorisme fragilise aussi les efforts des communautés burkinabè qui travaillent ensemble pour lutter contre la pauvreté.
Pour le professeur Soma Abdoulaye de l'université de Ouagadougou, l'Etat doit revoir sa stratégie de lutte contre les terroristes qui cherchent à mettre en péril la stabilité du pays :
"La stratégie du gouvernement n'a pas encore été massive pour contrer le terrorisme. Il faut un changement de gouvernance au Burkina Faso. Tant que nous aurons une gouvernance d'exclusion, il y aura un terreau fertile au terrorisme parce que le terroriste argumente sur l'exclusion. Il s'adresse à des gens qui sont exclus et si ces personnes constatent véritablement qu'elles sont exclues, elles seront plus portées à accepter l'argumentation terroriste."
Les attaques contre les églises sont donc considérées comme un moyen utilisé par les terroristes pour accroitre les tensions ethniques et déstabiliser le Burkina Faso.
Elles s'ajoutent aux attaques djihadistes dans le nord du pays qui ont provoqué la fermeture de centaines d'écoles. La plupart des fonctionnaires, dont les enseignants, ont fui ces zones.