Moscou voudrait construire une centrale nucléaire au Burkina
16 octobre 2023Le Burkina Faso et la Russie continuent de resserrer leurs liens : un accord a été signé vendredi (13 octobe) pour la construction d'une centrale nucléaire par Moscou dans ce pays sahélien où moins d'un quart de la population a accès à l'électricité.
"Le gouvernement du Burkina Faso a signé un mémorandum d'entente pour la construction d'une centrale nucléaire". "La construction de cette centrale nucléaire a pour objectif de couvrir les besoins énergétiques des populations", précise le communiqué officiel.
La signature de cet accord a eu lieu à l'occasion de la Semaine russe de l'énergie qui se tenait à Moscou, à laquelle le ministre de l'Energie du Burkina, Simon-Pierre Boussim, participait.
Côté russe, le document a été signé par Nikolay Spasski, le directeur général adjoint de l'agence nucléaire Rosatom.
"Le mémorandum constitue le premier document dans le domaine de l'utilisation pacifique de l'énergie atomique entre la Russie et le Burkina Faso", précise Rosatom dans un communiqué.
Fin 2020, seuls 22,5% des Burkinabè (67,4% en zone urbaine, 5,3% en milieu rural) avaient accès à l'électricité, selon des chiffres de la Banque africaine de développement.
Espoir
Le projet de construction d’une centrale nucléaire au Burkina Faso est pour l'instant illusoire mais pas impossible et est moins explicite quant à sa mise en œuvre.
C’est du moins ce qu'ont estimé certains analystes burkinabés. Pour eux, les éléments d’appréciation d’un tel projet restent encore à élucider.
L’annonce faite vendredi dernier par l'agence russe de l'énergie atomique, Rosatom, suscite de nombreux espoirs selon Bossimborogo Issaka, président du conseil provincial de la jeunesse du Boulgou au Centre-Est du Burkina.
Selon lui, "la construction d’une centrale nucléaire au Burkina Faso a énormément d' avantages pour nous. Ça va favoriser l’accessibilité à l’électricité. Ça va permettre une relance économique du pays et favoriser l’implantation des entreprises multinationales et ça va créer également des emplois et une réduction de l’insécurité dans le pays puisqu’il y’a des zones actuellement inaccessibles et non électrifiées. Si les villages sont électrifiés, ça va permettre de réduire l’insécurité et ça va attirer les investisseurs étrangers. Ça va permettre au Burkina d’être autonome sur le plan énergétique puisque nous dépendons de la Côte d’Ivoire et du Ghana sur le plan énergétique."
Reduire la dependance energétique
Lassané Sawadogo est le président du Front pour la défense de la patrie, un mouvement qui soutient les militaires au pouvoir. Lui aussi encourage le mix énergétique pour réduire la dépendance de l’extérieur.
"Parmi les 22 millions d’habitants, il n’y a que le quart des Burkinabès qui a accès à l’électricité donc je dirais que nous devons avoir une centrale nucléaire au Burkina Faso puisqu’une partie de l’électricité est fournie par la Côte d’Ivoire et le Ghana pourquoi nous ne pouvons pas être autonome en énergie pour aussi en fournir à d’autres pays qui en ont besoin", estime Lassané Sawadogo.
Pour le ministre burkinabè de l’Énergie, des Mines et des Carrières, Simon-Pierre Boussim, le Burkina Faso espère pouvoir construire cette centrale nucléaire d’ici 2030 pour résoudre ainsi le problème de la pénurie d’énergie, une énergie vitale pour l'industrie nationale.
Propagande russe
L’annonce de la construction de cette centrale nucléaire est cependant vue par certains comme une nouvelle illustration de la propagande russe sur le continent.
Pour Adrien Poussou, ancien ministre centrafricain de la Communication, de la Promotion de la culture civique et de la Réconciliation nationale, "c’est une aberration que le continent Africain qui a du soleil puisse avoir des problèmes d’énergie et d’électricité. L’énergie solaire devrait être la solution au lieu de signer des mémorandums d’entente pour construire une centrale nucléaire. Le plus simple serait d’avoir un champ de panneaux solaires pour avoir de l’énergie."
Le Burkina Faso continue de faire la promotion de l’énergie solaire d’où la création de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité.
Cependant cette énergie solaire n’est pas modulable, c’est-à-dire qu’avec les saisons hivernales, la puissance énergétique est en baisse.
Si ce projet entre Ouagadougou et Moscou aboutit, le Burkina Faso deviendra le deuxième pays du continent à posséder une centrale nucléaire après l’Afrique du Sud.
Mais, certains experts affirment que le pays n'a pas assez de personnel qualifié pour faire fonctionner une centrale nucléaire et devra faire appel à du personnel étranger.
Une préoccupation que nous prenons en compte, estiment les autorités burkinabès.