Au Burkina Faso, l'inquiétude après l'attaque de Djibo
6 septembre 2022Un des véhicules qui transportait des civils à destination de Ouagadougou la capitale, a explosé sur un engin explosif improvisé par des terroristes. Cette nouvelle attaque contre un convoi sur l'axe Djibo – Bourznga n'est pas une première au Burkina Faso. Elle intervient après celle qui a visé un convoi d'une société minière, le 26 août dernier dans la région de l'Est.
"La situation est réellement alarmante. Alarmante en ce sens que maintenant, la peur à atteint un niveau plus élevé par ce que c'était la voie par la laquelle, les gens se ravitaillaient. Tout le monde a peur maintenant" explique un habitant de Djibo. Selon un autre "cette attaque vient encore renforcer la psychose au sein des populations".
Djibo va devenir une destination interdite pour de nombreux Burkinabé selon des témoignages recueillis par la DW. Rien que la semaine dernière, les groupes terroristes ont attaqué des villages autour de Djibo et des femmes ont été battues. Une dame qui témoigne, a voulu garder l'anonymat.
"Les femmes sont battues par des terroristes et même assassinées. Il y'a de cela quatre jours, on a appris que dix femmes ont été assassinées parce qu'elles sont juste sorties pour aller chercher des vivres. Puisque, les hommes ne peuvent pas sortir. Ce sont les femmes seulement qui pouvaient sortir pour aller chercher des vivres" explique t-elle.
Une multiplication des attaques
Au fil du temps, les terroristes ont attaqué des commissariats, des postes de gendarmerie et dynamiter des ponts, endommageant tout sur leur passage. Selon Georges kaboré, analyste politique "c'est une affirmation qu'on ne peut pas contredire. Djibo est assiégé. Si on ne parle pas actuellement de Djibo, c'est que Djibo fait partie de ce qu'on appelle zone acquise par les terroristes. Djibo abrite le plus grand marché à bétail de la sous-région. Ce marché est fermé depuis février."
Il explique par ailleurs que "depuis le 23 juin, les terroristes ont imposé un blocus. On ne peut pas accéder à la ville de Sebba. De 1km à 3 km, on ne peut pas sortir de Sebba. Actuellement la population est livrée à elle-même. Il n'y a pas de vivre, ni de réseau téléphonique, ni d'eau. Les populations sont obligées de se nourrir de feuilles d'arbres".
Une situation précaire
Dans le discours qu'il a prononcé dimanche à Dori dans la région du Sahel, le Président burkinabè se félicitait pourtant des efforts dans la lutte anti-terroriste. "Les premiers signe commencent à être perceptible sur le plan de la réponse militaire que celui du dialogue : les deux piliers majeurs de notre stratégie. L'intensification des actions offensives conduites souvent par les volontaires pour la défense de la patrie, ont visé à désorganiser le dispositif ennemi. Sur le pan purement opérationnel, cet objectif-là est atteint. Le programme de démobilisation est déjà en marche. Tous ces efforts ont permis d'observer une relative accalmie dans plusieurs localités du centre Nord, de l'Est et du Nord" avait déclaré Paul Henry Sandaogo Damiba.
Mais certains Burkinabés jugent par contre le bilan sécuritaire négatif. "Aujourd'hui, le Burkinabé lambda ne voit pas une seule ligne qui a bougé. Au contraire, jusqu'à présent, les attaques sont récurrentes et la fréquence même a beaucoup plus augmenté. Je ne pense pas que nous puissions faire un bilan positif des 5 mois" confie à la DW un habitant de Ouagadougou.
Fin janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'avoir été incapable d'enrayer la violence djihadiste, et fait du rétablissement de la sécurité sa "priorité".