Burkina: des interrogations après l'attaque de Barsalogho
30 août 2024C'est toujours l'émotion et la colère au Burkina Faso après la sanglante attaque terroriste qui a fait une centaine de morts, le week-end dernier à Barsalogho, une commune rurale de la province du Sanmatenga, située dans la région Centre-Nord du pays. Pour l'heure, les militaires au pouvoir n'ont pas fourni de bilan. Le journaliste burkinabè Newton Ahmed Barry analyse les circonstances dans lesquelles l'attaque s'est produite.
--
DW: comment analysez-vous la violence des dernières attaques djihadistes à Barsalogho au Burkina Faso?
Newton Ahmed Barry: Il faut savoir que Barsalogho est l'épicentre de la crise terroriste. Barsalogho a été comme le point névralgique de la problématique terroriste dans notre pays avec les massacres de Yirgou (du 1er au 2 janvier 2019). Et depuis ce massacre là, la zone est pratiquement sous blocus des terroristes. L'élément qui déclenche le massacre de samedi dernier, c'est plutôt ce qu'on appelle la stratégie des tranchées pour sécuriser non pas les détachements militaires, les enclaves militaires, mais également en fait, de plus en plus, c'est pour entourer l'ensemble des villes qui sont en première ligne contre le terrroisme. Donc, c'est dans l'exécution de cette nouvelle stratégie qui consiste à creuser des tranchées tout autour des villes que les terroristes ont surpris les populations et les ont décimés.
DW: les habitants de cette petite localité de Barsalogho pointent du doigt la négligence pour ne pas dire l'inefficacité des forces militaires dans leur pays. Est-ce que vous le pensez aussi?
La ville de Barsalogho est une commune rurale d'environ 10.000 habitants en son temps, mais il faut savoir que beaucoup de gens sont partis. On ne sait pas exactement combien il en reste aujourd'hui. Mais, il faut savoir que, on ne peut pas sortir à plus d'1 kilomètre de la ville. Et là où les autorités ont décidé de creuser les tranchées de protection de la ville, se situerait à 3 km.
Ça veut dire dans une zone qui est déjà sous contrôle terroriste. Convoyer des populations dans cet espace qui n'est plus sous contrôle des autorités militaires de la région, évidemment, on courait le risque de les exposer, sauf à paramétrer un dispositif sécuritaire musclé. Ce qui ne semble pas être le cas malheureusement.