La ville de Djibo toujours sous blocus
9 février 2023La situation humanitaire est devenue catastrophique à Djibo. Les réserves de nourriture sont presque épuisées. Et le ravitaillement assuré par le programme alimentaire mondiale, le PAM, est insuffisant.
"Il y a certes des efforts de ravitaillement du programme alimentaire mondiale, PAM mais il faut dire que des villes comme Djibo, où il y a plus de 280 000 habitants, ces populations ne peuvent pas attendre les va-et-vient d'un hélicoptère qui ne prend que huit tonnes. Pour huit tonnes, vous allez vous rendre compte qu'il peut faire quatorze allers retours, et le tout va se résumer autour de deux chargements de remorques. Donc vous vous rendrez compte qu'en réalité ce sont des dépenses énormes et avec des résultats très affligeants", déplore Badini Idrissa, porte-parole des organisations de la société civile de Djibo.
Malheureusement le blocus imposé par les djihadistes a conduit à une cherté de certains produits, explique à la DW, l'Émir de Djibo, Boubakari Dicko.
"Même une pomme de choux, ils vendent ça à 2500 FCFA, c'est ça que les gens peuvent acheter puis prendre peut-être 1000 FCFA de viande et puis le bouillir pour manger. Sinon il n’y a rien. Et l’eau pour le moment, il y a l'eau du barrage dont certains s'en servent, mais aussi il y a quelques forages qui fonctionnent mais c'est insuffisant parce qu’il y a beaucoup de forages qui ont été détruits par les djihadistes ou sont dans des secteurs où on ne peut pas aller", selon l'Émir Boubakari Dicko.
Difficultés d'approvisonnement en médicaments
Il y a aussi des difficultés dans le ravitaillement en produits pharmaceutiques. Les pharmacies sont vides.
"Les médicaments, vraiment, ce n’est pas suffisant parce que les pharmacies n'en ont pas. Donc ça c'est un grand problème. Sinon, il y a Médecins sans frontières et peut être certains d'autres qui envoient des médicaments, mais ce sont des médicaments qui sont prescrits surtout pour les urgences. Et c'est surtout pour les enfants, les femmes enceintes", confirme l’Emir de Djibo.
Vu la situation insoutenable, certains habitants sont tentés de quitter la ville de Djibo malgré les risques. D’où le cri de cœur du porte-parole des organisations de la société civile. Il demande à la junte au pouvoir de dégager la route afin que la population puisse être ravitaillée au plus vite.