Bourses estudiantines : un casse-tête chinois en Afrique
17 mai 2018Dans beaucoup d’universités africaines, le règlement des bourses est très souvent un véritable parcours de combattant pour les étudiants. Le bilan est lourd avec plusieurs blessés et un mort.
A Saint-Louis comme à Dakar, de petites barricades de blocs de pierre et de branchages étaient tenues par quelques centaines d'étudiants sur les chaussées menant à l'Université de ces deux villes, où une forte odeur de gaz lacrymogène était perceptible jusqu’aujourd'hui en début d’après-midi.
La protestation au Sénégal a viré au drame
A l’origine de ces troubles, une manifestation pour réclamer le versement des bourses qui a viré au drame, selon le professeur Louis Mendy, directeur de département à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
"A l’université Gaston Berger de Saint-Louis, il y a un étudiant qui a été tué malheureusement par la police", a déclaré l’universitaire qui poursuit : "Parce que ces étudiants étaient sortis pour réclamer leurs bourses. Alors, il se trouve que depuis quelque temps en réalité, que ce soit à Dakar ou à Saint-Louis, les étudiants n’ont pas perçu leur bourse jusqu’au 15 du mois."
Le problème de bourses n’est pas exclusif au Sénégal. En Côte d’Ivoire par exemple, c’est souvent à l’issue de plusieurs grèves que les étudiants parviennent à obtenir gain de cause.
Le retard dans le paiement des bourses est devenu pour les étudiants ivoiriens une vraie tradition, soutient Fulgence Assi, secrétaire national de la FESCI, le plus important mouvement étudiant de Côte d’Ivoire.
"La bourse en Côte d’Ivoire arrive en retard. Cette bourse n’est pas régulière. La bourse de 2015 – 2016 a été payée seulement que l’année 2017-2018", selon le secrétaire national de la FESCI.
Plus de bourse au Tchad ?
Au Tchad, le problème est le même dans les universités du pays. Mais pour mettre fin aux grèves dans le système universitaire, dont la dernière a paralysé le système éducatif durant deux mois, le gouvernement a décidé de la suspension de la bourse aux étudiants. C'est ce qu'explique Evariste Toldé de l’université de N'Djamena.
"Jusqu’à une époque récente, les étudiants tchadiens percevaient des bourses. Mais une dernière décision gouvernementale vient de suspendre définitivement ces bourses qui seront traduites en œuvres universitaires. Et les étudiants tchadiens dans leur majorité viennent de percevoir donc une bonne partie de leurs arriérés de bourses. Ce qui fait dire que désormais les étudiants tchadiens ne seront plus boursiers, donc le gouvernement aura moins de problèmes à gérer."
Cette mesure du gouvernement tchadien sonne comme une sanction pour les étudiants. Mais l’argent des bourses sera désormais investi dans les infrastructures académiques, à savoir la construction d’amphithéâtres, l'achat de matériel et l'amélioration des conditions de travail des étudiants et des enseignants.