"Bombe sale", une arme pour faire peur?
27 octobre 2022Cela fait quelques jours maintenant que la Russie accuse l'Ukraine de préparer une "bombe sale".
Des accusations qu'elle a réitérées auprès de la Chine. L'Ukraine et les Occidentaux dénoncent des allégations "absurdes" et "dangereuses" et suggèrent que la Russie se préparerait elle-même à une escalade sur le champ de bataille, où ses troupes ont connu une série de défaites depuis septembre.
Une arme pour faire peur
Une "bombe sale" est une arme qui combine des explosifs conventionnels avec des matériaux radioactifs comme l'uranium.
Il ne s'agit donc pas d'une arme nucléaire, a souligné sur la chaîne allemande ARD Frank Sauer, chercheur principal à l'Université des forces armées fédérales à Munich.
"Les bombes sales ne sont pas des bombes atomiques, elle ne génère pas de fusion atomique. Aucune réaction nucléaire en chaîne ne se déclenche. C’est un engin explosif conventionnel, qui produit une explosion normale mélangée à des isotopes radioactives…”
explique le chercheur.
Quand elle explose, une "bombe sale" ne dégage donc pas une puissance particulière et elle n'a pas le potentiel destructif bien entendu d'une explosion nucléaire.
Le but, en faisant exploser une telle bombe, est de disperser des matières radioactives et de provoquer ainsi une contamination dans le rayon de l'explosion. Les "bombes sales" ne sont pas nouvelles. Jusqu'à présent, cependant, elles sont brandies principalement pour terroriser. Une arme psychologique donc.
Des dangers tout de même
Les "bombes sales" restent tout de même dangereuses. C'est ce que rappelle Wolfgang Richter, ancien colonel de la Bundeswehr et membre du groupe de recherche sur la politique de sécurité de l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP).
"(…) Toutes ces particules qui sont libérées lors d'une explosion irradient l'environnement sur une grande surface et le rendent inhabitable à long terme. Cela dépend du niveau de rayonnement radioactif. On peut se l'imaginer en pensant à la libération de rayonnement dans un accident de centrale nucléaire" précise Wolfgang Richter à la DW.
L'ampleur de la contamination causée par l'explosion d'une "bombe sale" dépend de facteurs comme la taille des explosifs, la quantité et le type de matériaux radioactifs utilisés ainsi que les conditions météorologiques.
Wolfgang Richter donne l'exemple de l'accident, en 1986, de la centrale nucléaire de Tchernobyl qui a des effets jusqu'à nos jours.
Il pense par ailleurs qu'utiliser une bombe sale en Ukraine serait risqué tant pour Moscou que pour Kiev en raison notamment du risque pour leurs propres troupes, ou encore pour les populations civiles.