Berlin veut démanteler un réseau de soutien au Hezbollah
16 novembre 2023Ces perquisitions ne sont pas vraiment une surprise, estime un expert en terrorisme de l’ARD, la radio et télévision publique allemande. Selon Holger Schmidt, après les événements tragiques du 7 octobre, toutes les organisations, les groupes ou associations qui présentent des positions radicales, et qui pourraient être contraires à l’ordre constitutionnel allemand, sont scrutées de près.
Le Centre islamique de Hambourg, l’IZH, est soupçonné de soutenir le mouvement chiite libanais du Hezbollah. Celui-ci est soutenu par l’Iran et est considéré comme terroriste par l’Allemagne qui a interdit ses activités dans le pays en 2020.
De son côté, l’Union européenne fait figurer sa branche armée sur sa liste noire des organisations terroristes. Dans le contexte actuel, il faut rappeler que le Hezbollah soutient le Hamas contre Israël et ne reconnaît pas à Israël le droit d’exister.
"Tendances antisémites"
La police a donc mené des perquisitions sur 54 propriétés dans sept régions à travers le pays visant l’IZH et cinq autres organisations soupçonnées de lui être rattachées. Plusieurs centaines de policiers ont été mobilisés. A Hambourg, c’est la "Mosquée bleue", qui a été fouillée.
Selon le Renseignement intérieur allemand, c’est depuis ce lieu de culte que l’IZH exerce "une forte influence" sur d’autres mosquées et associations en Allemagne. A travers ce rayonnement, estiment les autorités, "on observe clairement des tendances antisémites et hostiles à Israël qui se propagent également dans divers canaux médiatiques".
Pour la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, "à une époque où de nombreux juifs se sentent particulièrement menacés, nous ne tolérons pas la propagande islamiste ni les campagnes antisémites et hostiles à Israël".
L’Allemagne assiste comme d’autres pays européens à une très forte augmentation des actes antisémites depuis le début du conflit.
Collecter des preuves
Quant à la question de savoir pourquoi l’IZH, dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années, n’est pas encore interdit en Allemagne, l’expert en terrorisme de l’ARD rappelle que faire interdire une association n’est juridiquement pas une mince affaire dans un pays qui veut garantir la liberté d’expression et d’opinion.
Cette opération de perquisition a ainsi visé à collecter des preuves suffisamment solides pour exiger l’interdiction de l’IZH.
Pour le gouvernement local de Hambourg, "plus vite l’IZH aura disparu intégralement de Hambourg, mieux ce sera et avec l'action d'aujourd'hui, nous nous en sommes rapprochés".