Berlin montre les dents à Washington
11 juillet 2014
La Neue Osnabrücker Zeitung revient sur l’expulsion du chef des services de renseignement américains en Allemagne. Enfin un acte d’autorité de la part de la chancelière Angela Merkel, écrit le quotidien. En effet il n’était plus possible de continuer à minimiser l’humiliation répétée de l’Allemagne par des services secrets américains hors de tout contrôle.
Des deux côtés de l’Atlantique, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, on commence à douter de « l‘amitié » entre les deux alliés, censée être basée sur des valeurs et convictions communes. En Allemagne, personne ne comprend pourquoi Washington est prêt à compromettre la bonne relation avec son partenaire juste pour obtenir des informations de moindre importance. Et la superpuissance américaine a visiblement du mal à saisir qu’elle n’a plus affaire à un pays à moitié souverain et complètement sous sa coupe.
Le « non » du chancelier Gerhard Schröder à la guerre en Irak il y a 12 ans était la première étape pour montrer l’autonomie de l’Allemagne face à son puissant allié, note la Süddeutsche Zeitung. Voici maintenant l’étape suivante. Et Angela Merkel aurait encore d’autres options pour tenir tête à Washington. Par exemple offrir l’asile à Edward Snowden, l’informaticien à l’origine des révélations sur les pratiques de la NSA, l'Agence nationale de sécurité américaine.
Plus de test de langue pour les Turcs
L'autre grand thème du jour dans la presse est le jugement de la Cour de justice de l’Union européenne, selon lequel Berlin n’a pas le droit d’exiger des citoyens turcs une connaissance minimale de la langue allemande s'ils souhaitent rejoindre leur conjoint installé en Allemagne. Cette décision repose sur un accord d’association passé en 1970 entre la Turquie et la Communauté économique européenne.
Le journal conservateur die Welt est indigné et rappelle que si l’Allemagne exige des connaissances linguistiques minimum dans le cadre du regroupement familial, c’est pour lutter contre les mariages forcés et de faciliter l’intégration. Car les femmes qui arrivent dans le pays sans parler allemand sont complètement dépendantes de leurs maris, leurs enfants grandissent sans appendre l’allemand et ont plus tard des problèmes à l’école.
C’est tout le contraire pour le quotidien alternatif die tageszeitung, qui estime que les tests de langue sont surtout un symbole politique : ils doivent montrer qu’on exige quelque chose des immigrés. Pourtant, il est beaucoup plus facile d’apprendre une langue là où on la parle. Les cours d’allemand pourraient être rendus obligatoires après l’arrivée dans le pays et non avant, ils ne seraient alors plus une barrière à l’immigration, mais un véritable soutien pour le quotidien en Allemagne.