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L’économie au cœur de la visite de Mohamed Bazoum au Bénin

13 mars 2023

Un projet de pipeline doit permettre au Niger d’exporter son pétrole via le Bénin et d’engranger des recettes. L’oléoduc est considéré comme le plus long d’Afrique.

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Une vue de la ville de Cotonou
A travers le projet, le Bénin veut devenir un hub en matière d’exportation de pétrole brutImage : Katrin Gänsler/DW

Le président nigérien est en visite de deux jours au Bénin depuis ce lundi [13.03.23]. Au cœur de cette visite de Mohamed Bazoum à son homologue Patrice Talon, les questions sécuritaires mais aussi et surtout les questions économiques. Avec notamment le chantier de construction du pipeline Export Niger-Bénin. 

Le pipeline de deux mille kilomètres, considéré comme le plus long d’Afrique, doit relier les puits de pétrole du gisement de l'Agadem, dans l'extrême-est du Niger, au port béninois de Sèmè, dans le sud du Bénin, d'où sera évacué pour la première fois du brut nigérien. 

Des milliards de recettes

En conférence de presse, le président nigérien Mohamed Bazoum a indiqué que le projet profite aussi au Bénin. 

"Le pétrole du Niger est devenu le pétrole du Bénin, a insisté le président nigérien. Il y a des taxes qui sont payées qui feront en sorte que le pétrole du Niger va bénéficier au peuple du Bénin aussi. Et c’est ça la relation stratégique que nous entendons construire entre nos deux pays."

De quoi retourne le projet de pipeline ? Explications…

Le Bénin devrait empocher 300 milliards de francs CFA de droits de transit et recettes fiscales pour les vingt premières années. S’ajoute aussi la construction d’écoles dans les régions traversées par le pipeline.

Le projet devrait créer près de 3.000 emplois au Bénin et au Niger.

Albin Feliho, président de la Confédération nationale des employeurs du Bénin, estime que le projet est "plutôt favorable. Il faut que le Bénin donne des gages de sérieux, de crédibilité et de protection de ces pipelines de manière à ce qu’effectivement le Niger soit bien heureux de voir passer à travers le Bénin son produit." 

Patrice Talon lors du retour des biens culturels de France (10.11.21)
Patrice Talon a loué la coopération entre son pays, le Bénin, et le Niger Image : Séraphin Zounyekpe

Sécurité renforcée autour de l’ouvrage

Plus de 700 soldats sont déployés pour assurer "en permanence la sécurité" de l’ouvrage qui jusqu’ici a été épargné par les attaques djihadistes. 

Lancé depuis 2019, le chantier devait se terminer en 2022 mais la Covid-19 a ralenti le projet. Le taux d’exécution des travaux est de 75%. 

Niamey a préféré le port béninois à celui camerounais de Kribi, via le Tchad voisin. Le port de Cotonou sert en effet déjà à exporter l’uranium nigérien.

Abdou Ibro, directeur de l’Institut nigérien de stratégie, d’évaluation et de prospective conclut que "finalement, le Bénin devient notre sortie pour la vente et la sortie de nos ressources minières vers l’extérieur. C’est quasiment l’un des ports les plus proches que nous ayons et donc ce ne sont pas des relations à négliger."  

Le président nigérien Mohamed Bazoum lors de sa visite en Allemagne (08.07.21)
Le président nigérien Mohamed Bazoum a indiqué que le corridor du Bénin est vital pour le NigerImage : Presse- und Kommunikationsdienst der Präsidentschaft von Niger

Le pipeline doit entrer en activité à l’horizon 2024. Le Niger produit quotidiennement 20.000 barils de brut par jour. L’objectif est d’atteindre 200.000 barils en 2026. En 2020, la Banque mondiale estimait que le quart du PIB du Niger devrait être à terme généré par le pétrole. 

Au niveau sécuritaire, les deux Etats vont renforcer la coopération sécuritaire et de défense. L’action du Bénin et du Niger porte des fruits, les attaques sont plutôt rares, la menace est maîtrisée, a déclaré le chef de l’Etat béninois Patrice Talon. "Nous allons installer des forces militaires à la frontière (avec le Bénin)" pour sa sécurisation, a annoncé, de son côté, le président nigérien.