Barkhane sur le départ, le Tchad renforce ses troupes
23 février 2022L’annonce du renforcement des effectifs de la force tchadienne au Mali dans le cadre de la Mission des Nations unies, la Minusma, n’est pas une première.
Le Mali avait déjà annoncé avoir donné son accord à l'envoi par le Tchad de 1.000 soldats supplémentaires au sein de la Minusma, le 18 décembre dernier.
Le moment opportun
Le départ annoncé de la force française Barkhane pourrait précipiter l’arrivée des soldats tchadiens, estime le spécialiste du Sahel, Hassane Koné, chercheur principal au Bureau régional de l'Institut d'études de sécurité à Dakar.
"Le renforcement de la capacité de la Minusma, c’est pour avoir suffisamment d’hommes et de matériels pour se protéger en cas d’attaque", a estimé le chercheur.
Face aux mouvements affiliés à Al-Qaida ou au groupe Etat islamique qui ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs, chercher à combler le vide français est une priorité pour la mission des Nations des Nations unies, la Minusma.
"Le départ des Français crée un vide sur le plan effectif et sur le plan de la présence militaire dans la zone de Kidal, de Gao et de Tombouctou. Tous les contingents qui étaient dans cette zone avaient un parapluie assuré par les Français, lesquels ne seront plus là. Il faut que ce rôle de parapluie puisse être assuré par quelqu’un d’autre", a expliqué Hassane Koné.
Protéger l’opération de transfert des forces françaises
Actuellement, le Tchad compte 1.200 soldats engagés au Mali, l'un des tous premiers contingents de la Minusma. Des forces aguerries et qui pourraient aussi assurer la sécurité lors du transfert d'une partie des forces européennes vers le Niger.
"Le démontage de l’opération Barkhane va prendre plusieurs mois et va exiger une protection des bases et équipements français qui vont devoir être déplacés vers le Niger et le président tchadien joue une bonne carte en renforçant l’effectif tchadien de la Minusma", a déclaré Roland Marchal, chercheur au Centres d’études internationales de Sciences-Po en France.
Pour Roland Marchal, "même si ce n’est pas tout de suite, la situation risque une détérioration de la sécurité de façon générale. De plus, il y aura cette nécessité de sécuriser les installations et le déplacement des équipements français vers le Niger".
Le retrait de la force française Barkhane et celle des pays européens membres du groupement de forces spéciales Takuba du Mali a été officialisé il y a une semaine par le président français, Emmanuel Macron, face à l'hostilité des militaires au pouvoir au Mali et d'une partie de la population.