Bénin : mystère autour de la détention de Reckya Madougou
15 mars 2021Cela fait dix jours que l’opposante Reckya Madougou est incarcérée dans la prison de Missérété pour des accusations de financement de terrorisme. Il y a très peu d’informations sur l’état physique et psychologique de la candidate recalée à la prochaine présidentielle.
La candidate recalée du parti Les Démocrates, le parti de l’ancien président Boni Yayi, a été placée en détention provisoire vendredi (05.03.21). Ce dimanche, l’opposition a demandé sa libération au cours d’un meeting à Parakou (nord).
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Instrumentalisation du terrorisme ?
"Reckya Madougou n’est pas une terroriste. Elle n’est rentrée au pays que pour se mettre au service de son pays", a déclaré le constitutionnaliste Joël Aïvo, lui-même candidat recalé à la présidentielle du 11 avril. M. Aïvo a appelé le pouvoir à ne pas instrumentaliser le terrorisme contre les adversaires politiques.
En dehors de ses avocats, personne n'a pu rencontrer Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice. C'est ce qu'explique le Comité de soutien aux détenus et exilés qui a essayé sans succès d'entrer en contact avec elle. Françoise Sossou Holonou, présidente de cette organisation, s'explique au micro de Rodrigue Guézodjè.
Françoise Sossou Holonou : Le mardi dernier seulement, j'étais à la prison de Missérété.
DW : Est-ce que vous avez pu voir Reckya Madougou?
Françoise Sossou Holonou : Malheureusement, je n'ai pas pu voir Reckya Madougou.
DW : Pourquoi ?
Françoise Sossou Holonou : En tant que président du comité de soutien, elle doit savoir que j'ai fait le déplacement pour venir la soutenir.
DW : Est-ce que l'administration vous a notifié les raisons pour lesquelles vous ne devez pas voir Reckya Madougou ?
Françoise Sossou Holonou : J'ai appelé le directeur de l'agence pénitentiaire qui a accepté de nous recevoir et je le remercie au passage, qui nous a donné toutes les explications possibles, pour dire que non, les géôles sont dans leur rôle. Nous autres, nous sommes dans notre rôle. Maintenant, c'est pour faciliter la collaboration, le travail entre nous que certaines dispositions ont été prises. Mais s'agissant du cas de Reckya Madougou, c'est vrai ce que nous déplorons, mais de bien vouloir laisser la justice faire son travail. C'est ce que le directeur nous a dit pour nous rassurer que nos détenus ne souffrent pas dans les maisons d'arrêt, qu'ils sont bien traités. Mais lui, en tant qu'autorité, il ne peut que dire ça. Mais nous, nous sommes en droit d'écouter le son de cloche des prévenus. C'est leur son de cloche qui nous intéresse.