Avec la Covid-19, l'Afrique passe au second plan en Europe
16 novembre 2020Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, avait annoncé en mars dernier, au moment de la présentation de la nouvelle stratégie de l’Union Européenne pour sa politique africaine. 2020 serait en Europe l’année de l’Afrique, déclarait-on à Bruxelles il y a quelques mois. "L’Union européenne est le premier partenaire de l’Afrique sur tous les plans : commerce, investissement, développement, coopération, sécurité. Nous voulons que cela reste ainsi et renforcer ces liens en les rendant plus efficaces à l’avenir", promettait Josep Borrell.
Une Europe autocentrée
Mais depuis, le coronavirus est passé par là. Et le centre d’intérêt des décideurs européens a changé, estime Mathias Mogge, à la tête de VENRO, une fédération d’organisations allemandes d’aide au développement. "Il faut investir des milliards pour y faire face, alors les accords de partenariat avec l’Afrique sont relégués au second plan", explique-t-il. "Même si je ne dirais pas que cela est devenu égal à Madame Merkel."
La chancelière a d'ailleurs répété, au mois de mai, que l’Afrique était désormais un pilier de la politique étrangère de l’Allemagne, qui assume jusqu’à la fin de l’année la présidence tournante du Conseil européen.
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Un certain désamour
Cependant un sondage mené par VENRO auprès de 221 employés d’ONG africaines montre que la moitié d’entre eux n’est pas satisfaite de la coopération avec l’Europe. Et de nombreux leaders africains aussi sont déçus de l’Union européenne.
Lynda Iroulo, chercheuse nigériane à l’Institut GIGA de Hambourg, analyse la relation Afrique-Europe comme déséquilibrée depuis toujours : "On parle de coopération, de partenariat, mais elle est toujours marquée par une hiérarchie supérieur/inférieur, et l’Europe se considère comme le mentor de l’Afrique."
Sommet UA-UE reporté à 2021
Le sommet de chefs d’Etat des deux continents prévu en octobre de cette année à Bruxelles a été repoussé au premier trimestre 2021. Les cinq grands domaines dans lesquels l’UE veut renforcer son partenariat avec l’Afrique sont l’économie verte, la numérisation, la croissance durable et l’emploi, la paix et la sécurité, et la migration.
Le sommet UE/UA était aussi censé permettre de négocier une suite aux accords de Cotonou, en cette année anniversaire de l’accession de nombreux Etats africains à l’indépendance, si symbolique.
Avec l’espoir, côté africain, de rééquilibrer la balance commerciale, pour que l’Europe importe progressivement davantage de produits transformés en provenance d’Afrique, et plus principalement des ressources naturelles.
L’Europe, elle, presse les Etats d’Afrique à mieux contrôler leurs frontières pour réfréner l’émigration clandestine.