L'avancée du M23 perturbe le trafic est entre Goma et Bukavu
5 février 2024Une dizaine de militants des mouvements citoyens ont été appréhendés samedi soir (03.02) à Kinshasa alors qu'ils se rassemblaient pour marquer et dénoncer les 600 jours d'occupation, par les rebelles du M23, de la ville de Bunagana, située dans le territoire de Rutshuru, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Deux des militants arrêtés, dont un responsable de la Lucha, sont toujours détenus.
Sur le terrain, l'occupation par le M23 se prolonge et le groupe armé gagne de nouveau du terrain, ce qui continue d'avoir des conséquences sur le plan humain, sécuritaire, ou même alimentaire.
Dans la région de Rutshuru, les pertes humaines et les enrôlements forcés de jeunes se poursuivent, pour les contraindre à rejoindre la rébellion du M23.
Difficultés d’approvisionnement
Aimé Mbusa Mukanda, membre de la société civile de Rutshuru, raconte que "17 personnes ont été assassinées aux alentours de Rutshuru. Nous signalons que le M23 a instauré un couvre-feu à 18 heures, indiquant que personne ne doit être visible dans les rues. Toutes les personnes disparues ont été appréhendées pendant les heures de couvre-feu. Aujourd'hui, avec les lourdes pertes en hommes et en munitions subies par le M23, c'est la population qui est victime de toute cette colère."
Le trafic sur la route nationale numéro 2 Goma-Bukavu est coupé depuis le centre de Shasha depuis samedi, en raison des combats.
La cité de Sake et la ville de Goma sont privées d'approvisionnement en produits alimentaires en provenance de Minova et Bweremana.
Amani Elia, conducteur de camions d’approvisionnement entre Goma et Shasha, affirme que "la situation est tendue parce qu'il y a des crépitements de balles sur la route. Mais la route n’est pas fermée. Ils sont à côté de la route. Voilà pourquoi certaines personnes ont peur de transporter de la nourriture. C’est ça, le problème. Nous demandons à notre gouvernement de mettre fin à la guerre."
Dépendance vis-à-vis des produits importés
A cause de cet enclavement, l’approvisionnement des habitants de la ville Goma dépend de plus en plus des produits venus du Rwanda, du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie.
Ces produits transitent par la petite barrière de Goma, explique Pepe Mikwa, communicateur du Projet de Facilitation du Commerce Transfrontalier entre les Pays des Grands Lacs (PFCGL). "Ceux qui seront le plus touchés sont les commerçants et agriculteurs de Masisi et de Rutshuru, car ils ne pourront plus cultiver. Cependant, les produits alimentaires continueront d'entrer en provenance de plusieurs pays limitrophes de la RDC", assure-t-il.
Une menace imminente de pénurie alimentaire est visible dans les marchés locaux où une ruée s'opère pour s'approvisionner en marchandises. Cette situation suscite des inquiétudes parmi la population, qui redoute une pénurie alimentaire imminente.
Les produits les plus concernés sont le haricot, les pommes de terre, les bananes plantains, de la viande fraiche et les produits laitiers.