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Au Tchad, le pouvoir sous le feu des critiques

Claire-Marie Kostmann26 mars 2015

A N'Djamena, les forces de l'ordre surveillent les écoles et ont fermé l'accès aux universités. La répression des manifestations a fait au moins quatre morts selon la société civile, un seul selon les autorités.

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À N'Djamena, les établissements scolaires et les universités sont fermés jusqu'à nouvel ordre
À N'Djamena, les établissements scolaires et les universités sont fermés jusqu'à nouvel ordreImage : picture-alliance/dpa

Plusieurs étudiants ont voulu ramener ce mercredi matin chez ses parents la dépouille d'un de leurs camarades tué en début de semaine par les forces de l'ordre. Selon le Collectif des associations et mouvements des jeunes du Tchad, la police leur a tiré dessus.

C'est le port obligatoire du casque depuis le 1er mars qui a déclenché la colère des jeunes, mais aussi de leurs parents, comme cette mère, qui a trois enfants dont un fils de 16 ans. La famille a une moto et un casque or pour emmener son fils à l'école, il en faudrait un 2ème, or ça côute 15 000 Francs CFA sur le marché.

"On doit nous laisser du temps normalement, mais ça a été fait brusquement, c'est très malheureux. Parce qu'il y a des problèmes de moyens financiers, ici on traverse des moments difficiles, la vie est chère, on n'arrive pas à joindre les deux bouts. Donc quand il y a des choses comme ça, ils doivent aussi penser à nos finances. Mais quand une semaine on a le droit d'avoir un casque et quand une autre semaine il en faut deux sur la moto, franchement, on ne peut pas!"

Sociétés proches du pouvoir

Pour le député de l'opposition et ancien ministre Salibou Garba, cette contestation montre l'incompétence du gouvernement qui doit faire marche arrière.

"C'est le gouvernement qui est responsable de ce qui se passe par la mauvaise gouvernance érigée en méthode de gestion du pays. Car cette histoire de casque ne devrait pas déraper à ce point. Quand on y regarde de plus près, il s'agit d'une opération mercantile, le prix des casque a triplé. On connaît les gens qui les commercialisent, ce sont des gens proches du pouvoir. Vous ne pouvez pas faire de commerce lucratif dans ce pays si vous n'appartenez pas au cercle du pouvoir. Le gouvernement a intérêt à comprendre que c'est un mouvement de rejet global de sa politique. Et s'il ne comprend pas ou s'il veut utiliser la force, les choses ne feront qu'empirer."

La grève des étudiants est censée s'arrêter jeudi. Mais ils ont prévu de se retrouver pour discuter de la suite du mouvement. Plusieurs associations et collectifs de la société civile exigent la démission du ministre de l'Intérieur mais aussi du directeur de la police et de la gendarmerie.