La libération de Hama Amadou accueillie dans le calme
31 mars 2020Pas de scène de liesse, aucune ambiance d’attroupement, rien que des fidèles lieutenants respectant scrupuleusement les mesures de prévention contre le coronavirus.
C’est une ambiance disciplinée ce mardi matin au domicile de l’opposant politique nigérien Hama Amadou, sorti de prison à la faveur d’une remise de peine accordée par le président de la République afin de désengorger les prisons et lutter contre la pandémie de Covid-19.
L’ancien challenger du président Issoufou Mahamadou lors des élections de 2016 n’a pas voulu, pour ses premiers mots publics, évoquer un autre sujet que l’urgence sanitaire mondiale.
"Il est indispensable que celui qui peut se faire entendre, qu’il soit homme politique ou sage de la nation, puisse participer à la sensibilisation sur le danger de cette maladie. Ce n’est pas une blague, ce n’est pas un moyen politique d’endormir les gens, c’est une réalité. J’ai demandé aux gens de Lumana (sa formation politique Moden/Fa Lumana), dont vous connaissez la fougue et l’attachement à ma personne, de bien vouloir respecter les consignes liées au coronavirus et vous avez vu, ils les ont observé", a-t-il dit.
Quel futur politique pour Hama Amadou ?
Cette sortie de prison du chef de file de l’opposition politique nigérienne ne préfigure toutefois pas de son avenir politique et notamment sa réhabilitation.
Le constitutionnaliste nigérien, Amadou Boubacar Hassane, explique ainsi que la grâce ne réduit que la durée de la peine.
"Cette remise gracieuse ne signifie pas le recouvrement par Hama Amadou de son droit civique, en particulier le droit d’éligibilité conformément à l’article 8 du code électoral, tant qu’il n’a pas fait objet d’une réhabilitation en bonne et due forme. Hama Amadou qui vient de bénéficier de la grâce présidentielle ne pourrait pas se présenter aux élections présidentielles", a souligné M. Hassane.
Le chef de file de l’opposition purgeait une peine d’un an d’emprisonnement pour complicité de supposition d’enfants dans le cadre d’un trafic présumé de bébés.
Hama Amadou a déjà passé huit mois et quatorze jours à la maison d’arrêt de Filingué située à plus de 100 kilomètres de Niamey. Un séjour entrecoupé de deux évacuations sanitaires en France.
Hama Amadou est déjà investi par son parti comme candidat pour l’élection présidentielle de décembre prochain.