Au Mali, opposition autour de la charte de la transition
15 septembre 2020Au moment où la junte qui s'est emparée du pouvoir au Mali, il y a quatre semaines jour pour jour (18.08.2020), présentait ses plans aux pays de la Cédéao à Accra, la charte de la transition adoptée le 12 septembre est contestée à Bamako.
Lors d'une conférence de presse ce mardi (15.09.2020), des membres du M5-RFP, mouvement ayant mené la contestation contre l'ex-président déchu IBK, ont réclamé que les militaires apportent des "corrections" aux plans de transition.
Une sortie musclée du M5
"Il faut que des corrections puissent être apportées aux documents de la concertation nationale", a déclaré devant les journalistes Mountaga Tall, un responsable du Mouvement du 5 juin.
"Nous nous sommes démarqués des conclusions de la concertation, mais c'était pour alerter (la junte), mais nous restons dans la logique de la transition", a dit un autre responsable, Ibrahim Ikassa Maïga.
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Dans un communiqué publié à l'occasion de la conférence de presse, le Mouvement du 5 juin dénonce par ailleurs "les intimidations (et) les pratiques antidémocratiques et déloyales" auxquelles ont donné lieu ces concertations, ainsi que "la volonté d'accaparement et de confiscation du pouvoir au profit" de la junte.
Le communiqué ne désigne pas la junte comme responsable de ces agissements. Le M5 n'entend "ni rompre ni rentrer en conflit" avec les colonels, mais offre de collaborer à modifier la charte, rapporte l'Agence France Presse.
La charte, fruit d'un consensus
Le sociologue Mahamadou Diouara, rapporteur du comité scientifique qui a compilé les résultats des consultations dans la charte de transition se dit "surpris" par ces prises de position contre la charte. Pour lui, ce document reflète l'ensemble des points de vue exprimés. "Il y a eu pendant ces concertations nationales l'expression plurielle des opinions politiques... À l'issue des concertations, on a pu voir émerger un certain nombre de points consensuels", assure Monsieur Diouara.
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En tant que rapporteur de la commission scientifique, le sociologue Mahamadou Diouara affirme avoir "compilé les rapports des cinq groupes de travail et ceux des dix régions qui ont travaillé sur la question. J'avoue que la charte qui a émergé de cela est véritablement issue de l'ensemble de ces rapports", mentionne-t-il.
Pour l'expert Diouara, "le consensus n'est pas l'unanimité et la charte, à l'exception d'un point notamment sur la durée de la transition, fixée à 18 mois au lieu de 12 mois indiqués par la Cédéao, ne semble pas contredire véritablement les injonctions de la Cédéao".