Au Mali, la junte reste sous pression de la Cédéao
17 septembre 2020La junte au pouvoir à Bamako a commencé mercredi le processus de désignation des responsables appelés à diriger le Mali, le temps d'une transition ramenant les civils définitivement au pouvoir, selon le colonel Ismaël Wagué, porte-parole de la junte.
"Toutes les options sont sur la table", a-t-il déclaré mercredi, lors d'une conférence de presse.
Les dirigeants ouest-africains réunismardi au Ghana, ont pressé la junte de nommer immédiatement un président et un Premier ministre de transition qui soient des civils. La Cédéao lèvera les sanctions imposées le 20 août, deux jours après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, aussitôt que ces deux responsables auront été désignés, dit le communiqué final du sommet.
Le Conseil national pour le salut du peuple, (CNSP), fondé par les militaires putschistes, a rappelé qu'il souhaite que cette transition soit dirigée par un militaire tandis que la Cédéao menace de durcir son embargo si ce n'est pas un civil.
Le CNSP veut présider la transition au Mali. Et pour légitimer cette aspiration, les militaires s’appuient désormais sur la charte de la transition adoptée le week-end dernier à Bamako. " Nous avons dit clairement à la Cédéao que nous sommes au service du peuple et que nous nous mettons dans l’objectif du peuple", estime le porte-parole des militaires, le colonel major Ismaël Wague.
Le rôle clé des religieux
Mais alors que les militaires semblent encore bénéficier du soutien du peuple, en dehors de la capitale Bamako, il semble que cette question d’un pouvoir civil ou militaire importe peu, tant les populations seraient avant tout désireuses d’avoir des dirigeants de qualité. C’est du moins ce qu’explique Raoul Bagopha, le représentant local de l’ONG allemande Misereor. Pour lui, les religieux sont source d'espoir pour le peuple.
La Cédéao renverra un médiateur à Bamako la semaine prochaine et le président ghanéen a émis l'espoir que la junte aura accédé d'ici là aux exigences de la Cédéao, lui permettant de lever les sanctions.
Elle a infligé le 20 août au Mali un embargo sur les flux financiers et commerciaux. Ces mesures inquiètent dans un pays en proie à un profond marasme économique, en plus des agissements jihadistes et des violences intercommunutaires.