Au Mali, des femmes s'engagent dans le djihadisme
22 octobre 2019L’information a été confirmée la semaine dernière par l’armée malienne. Des femmes ont activement participé à l’attaque terroriste du 30 septembre 2019 ciblant les postes militaires de Mondoro et de Boulkessy dans la région de Mopti, tuant deux civils.
C'est la première fois que l'armée malienne monte ainsi officiellement au créneau pour signaler la participation de femmes aux activités des djihadistes.
"On se rend compte qu’ils s’appuient en réalité sur un stéréotype de genre qui leur permette d’agir discrètement mais parfois de façon beaucoup plus efficace. Nous nous sommes rendu compte qu’elles pouvaient parfois agir ou se mouvoir dans les zones sous hautes surveillance sans être inquiétées. Et cette discrétion est un atout pour ces groupes armés non étatiques. En communiquant, c’est une façon d’alerter les soldats sur le terrain mais bien entendu de briser ce stéréotype de genre", soutient Ibrahim Maïga, chercheur à l’institut d’études de sécurité.
Boko Haram
Le phénomène des femmes kamikazes est bien connu au Nigeria. Elles sont en effet recrutés par la secte islamiste armé Boko Haram. Dans le contexte malien cette nouvelle donne s’expliquerait par la difficulté que les terroristes rencontreraient sur le terrain, explique Seidik Abba, journaliste écrivain, spécialiste de l'Afrique.
"Pendant très longtemps au Mali, le choix qui avait été fait par ces mouvements c’était d’épargner les femmes de la conduite des opérations elles-mêmes. Elles avaient d’autres missions que de poser des actes terroristes. Ce choix n’avait pas existé au Mali dans un premier temps jusqu’à ce qu’on arrive à la situation d´aujourd’hui ", déplore-t-il.
Pour l’expert en sécurité Ibrahim Maïga, les femmes doivent être davantage prises en compte dans tout le processus visant à apaiser les esprits.
"Cela montre que dans les politiques de réinsertion et de lutte, il faudrait aussi penser aux femmes. Ça demande à repenser toute la stratégie et à inclure les femmes pas uniquement en tant que vectrice de paix ou victimes mais aussi en tant qu’actrice de ces violences", suggère chercheur à l’institut d’études de sécurité de Dakar.