Pour de nombreux analystes, la décision de la Cour de justice de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), saisie par les avocats de l'Etat malien, ordonnant "le sursis à exécution" des sanctions décidées le 9 janvier par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de cette organisation, est un succès de la junte militaire face aux organisations régionales. D'autant que cette décision a été annoncée le jeudi 24 mars, soit à la veille du sommet extraordinaire de la Cédéao à Accra, consacré essentiellement au Mali.
Entre autres sanctions : comme le gel des avoirs financiers d'environ 150 personnalités liées à la junte malienne, et surtout annoncé "des sanctions additionnelles vigoureuses incluant notamment des sanctions économiques et financières".
Conséquence : la Cédéao et l'Uemoa ont annoncé la fermeture des frontières avec le Mali et suspendu les échanges financiers et commerciaux autres que de produits de première nécessité.
Remise du pouvoir aux civils
Les sanctions ont été prises pour presser les militaires qui ont renversé le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, d’organiser dans un bref délai, des élections générales, et de rendre le pouvoir aux civils. Ceux-ci avaient émis le vœu de se maintenir à la tête du pays pendant au moins cinq ans.
Par ailleurs, le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonatha,n est reparti le dimanche 20 mars du Mali sans être parvenu à un accord avec la junte sur ce point.
À ce jour, la Cédéao a demandé l'organisation d'élections dans un délai de 12 à 16 mois.
Climat de terreur
Depuis la prise du pouvoir par les militaires, un climat de terreur semble s’être installé et les ONG de défense des droits de l’homme dénoncent des exactions commises par les forces de défense et de sécurité aidés par leurs alliés russes.
Ces pressions se sont démultipliées depuis le début de l’année, selon de nombreux observateurs. La semaine dernière, Human Rights Watch publiait un rapport dénonçant les crimes commis contre des civils par des groupes djihadistes mais aussi par l’armée malienne. La junte a ordonné la suspension de la diffusion de chaînes de radio et télévision RFI et France 24, qui s’en sont fait l’écho.
Les autorités avaient assuré, après la publication du rapport de Human Rights Watch, que des enquêtes sur les exactions contre les civils étaient en cours. Tout en dénonçant la présence de "fake news" pour "discréditer" l'armée malienne.
Question : comment faire pour sortir le Mali de cette impasse ?
Nous débattons cette semaine de cette problématique avec nos invités sous l’Arbre à Palabre :
- Mamadou Aliou Barry, le responsable du Centre d'analyse et d'études stratégiques (CAES), basé à Conakry.
- Maître Kassoum Tapo, ancien ministre des Droits de l’homme et de la réforme de l’Etat du Mali, président du Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA). Il est aussi l’un des porte-parole du Cadre des partis pour une transition réussie.
- Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission Défense du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la transition malienne, et président du Collectif pour la refondation du Mali (Corema), qui rassemble des associations et des partis soutenant les autorités de transition.
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