Alphonse Ier du Kongo pris dans la traite des esclaves
26 août 2021Alphonse Ier du Kongo, né Mvemba a Nzinga en 1456, a succédé à son père João Ier du Kongo, et a dirigé le royaume du Kongo de 1507 à 1542 environ. Alors que son père avait accueilli les premiers voyageurs portugais, Alphonse Ier est allé plus loin en embrassant la religion catholique, au détriment de la tradition. Certains historiens considèrent cela comme une démarche stratégique pour assurer de bonnes relations avec le Portugal. Soucieux de maintenir un partenariat mutuellement bénéfique avec les Portugais, il a fait preuve d'un talent de négociateur dans les nombreuses lettres qu'il a écrites au roi Manuel Ier et à son successeur João III, en particulier lorsque la traite des esclaves a échappé à tout contrôle.
Comment Alphonse Ier du Kongo est devenu roi ?
À la mort du roi, Mvemba a Nzinga s'oppose à celui qui est toujours présenté comme son frère, mais qui est fait son cousin, Mpanzu a Kitima. Victorieux, il devient roi en 1506. Dans son combat pour le trône, il a pu compter sur le soutien du Portugal. À la fin du XVe siècle, les explorateurs portugais avaient débarqué au Kongo dans leur recherche de nouvelles terres. Mvemba a Nzinga avait alors eu de nombreux contacts avec eux et établit de bonnes relations... Il s'est même converti au christianisme, d'où son nom Alphonse Ier. En 1506, nommé roi, il compte à nouveau sur le soutien du Portugal pour construire une infrastructure religieuse et administrative complète.
L'éducation pour Alphonse Ier
Le christianisme est venu avec la lecture et l'écriture et en tant que dirigeant, Alphonse échangeait constamment des lettres avec la Couronne portugaise, principalement concernant la pratique religieuse et les questions d'administration. Il enverra également l'un de ses fils, Henrique Kinu a Mvemba, suivre une formation de prêtre. Henrique finit par être consacré comme l'un des premiers, sinon le premier, évêque catholique africain en 1518.
Comment Alphonse Ier s'est-il retrouvé impliqué dans la traite des esclaves ?
Beaucoup critiquent Alphonse pour avoir participé à la traite des esclaves, une traite légale à l'époque. Même dans les sociétés africaines, on trouvait des esclaves, pour la plupart des prisonniers de guerre - mais ils étaient traités différemment de ceux qui étaient envoyés à l'étranger.
Ils étaient toujours considérés comme des êtres humains et, dans certains cas, ils voyaient leurs droits et leur liberté rétablis. La Couronne portugaise considérait les esclaves comme la ressource la plus précieuse du pays et Alphonse accepta de faire du commerce d'esclaves, sans être pleinement conscient de l'impact de l'esclavage, en échange de l'aide du Portugal pour mettre en place un système administratif et construire des institutions religieuses.
Comment Alphonse Ier a changé d'avis sur la traite des esclaves ?
Avec les nouvelles plantations de Sao Tomé qui demandent un grand nombre d'ouvriers, la faim d'esclaves s'est accrue. Le commerce échappe bientôt à tout contrôle. Alphonse Ier tente alors de le contenir. Dans une lettre qu'il écrite au roi du Portugal João III en 1526, il explique avec force comment ce commerce épuise progressivement son royaume et comment il veut y mettre fin. "Notre pays se dépeuple complètement, et Votre Altesse ne devrait pas être d'accord avec cela", écrit-il, soulignant que "notre volonté est que dans ces royaumes il n'y ait pas de commerce d'esclaves ni d'exutoire pour eux".
Ce commerce était motivé par la cupidité des marchands portugais et du peuple d'Alphonse Ier, qui, comme il l'a écrit, était "vivement désireux" des marchandises apportées dans la région par les marchands. Mais les appels d'Alphonse Ier du Kongo ne sont pas suivis d'effets tangibles. La traite des esclaves est devenue incontrôlable. Il meurt vers 1542, laissant son fils Pedro comme successeur.
--------------------------------------------
Les professeurs Doulaye Konaté, Christopher Ogbogbo et Lily Mafela ont contribué à ce récit qui fait partie de la série "Racines d'Afrique". Une série de la Deutsche Welle, en coopération avec la fondation Gerda Henkel.