Al-Qaïda au Sahel menace le Golfe de Guinée
2 février 2021Selon le chef du renseignement extérieur français, Bernard Emié, les terroristes financent déjà des hommes en Côte d'Ivoireet au Bénin qui sont désormais des cibles des djihadistes.
Pour de nombreux experts en sécurité, l’organisation terroriste en perte de vitesse au Sahel, essaie depuis plusieurs années, de se déplacer vers le Sud.
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Arthur Banga, chercheur ivoirien en histoire des stratégies militaires, estime que la Côte d’Ivoire s’est préparée en renforçant les capacités de son armée mais aussi son engagement dans la coopération régionale et internationale contre le terrorisme.
Mais la réponse militaire ne suffit pas pour vaincre cette nouvelle menace car "si vous répondez par le tout sécuritaire, vous vous trompez dans votre réponse", explique Arthur Banga.
La lutte contre le terrorisme doit être une "réponse humaine et sociale qui doit associer les forces vives de la nation, les organisations de la société civile, les leaders communautaires, qui doit identifier les faiblesses sur lesquelles les groupes terroristes peuvent se fixer pour endoctriner des jeunes. La lutte contre la radicalisation, la lutte contre la pauvreté, une décentralisation plus accrue, ce sont les solutions qui contribuent à limiter l'influence des groupes terroristes", ajoute le chercheur ivoirien en histoire des stratégies militaires.
Relever le niveau de vie des populations, faire des zones frontalières avec les pays du Sahel de véritables espaces de développement durable, c’est également ce que propose Emmanuel Odilon Koukoubou, expert béninois en sécurité et défense.
Importance des actions militaires
Il ne faut pas non plus négliger les actions militaires. L'expert explique que le Bénin a déjà pris plusieurs initiatives comme "la création de la Garde nationale pour faire face aux menaces nouvelles et le terrorisme. Cette Garde nationale n'a pas encore connu sa montée en puissance. Il faudra peut-être envisager à l’accélérer."
Mais au-delà de tout ceci, "il faut travailler à une meilleure coopération régionale entre les différents Etats de la zone. Le Bénin se trouve à la frontière du G5 Sahel. La Côte d'Ivoire aussi se trouve en dehors du G5 Sahel. Entre le Bénin et la Côte d'Ivoire, il y a le Togo et le Ghana et il n'y a pas d'initiative à prendre aujourd'hui de façon collégiale qui exclurait le Togo et le Ghana", conclut Emmanuel Odilon Koukoubou.
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Contactées par la DW, les autorités béninoises disent être déjà en alerte : "On n’a jamais baissé la garde, ni négligé la menace qui est réelle", nous a déclaré le directeur de la communication de la présidence, Wilfried Léandre Houngbédji.