En Afrique du Sud, bientôt une épouse pour plusieurs maris
1 juillet 2021En Afrique du sud, le gouvernement propose de légaliser la polyandrie, c'est-à-dire la "polygamie féminine". Cela signifie qu'une femme aurait le droit de prendre plusieurs maris en même temps.
La polygamie est déjà autorisée pour les hommes dans le pays. Alors pour les féministes, il s'agit de respecter la Constitution qui interdit toute discrimination sexuelle.
La proposition était soumise à un débat public jusqu'à ce mercredi [30.7.21]. Elle a soulevé beaucoup d'opposition de la part des hommes d'églises et aussi, surtout, des polygames eux-mêmes.
Plusieurs épouses? Pourquoi pas plusieurs maris?
Peu courante, la polygamie masculine est surtout pratiquée en Afrique du Sud par les Zoulous âgés vivant dans zones rurales. Le plus illustre d'entre eux étant l'ex-président Jacob Zuma et ses quatre épouses.
Le ministre de l'Intérieur a regretté que le débat public sur la légalisation de la polygamie féminine ait donné lieu à des échanges virulents.
>>> Lire aussi : Afrique du Sud : il y a 30 ans, la fin de l'apartheid
La paternité en question
Les plus critiques sont les hommes polygames, comme l'acteur Musa Mseleku qui joue dans une série télévisée sur la polygamie. Selon lui, la polyandrie détruirait la culture africaine. Il déclare : "un enfant appartient aussi à nos ancêtres. Il y aura une énorme compétition pour savoir à qui appartient l'enfant. Et cela va détruire les familles que nous essayons de protéger. Et puis, dormir avec une femme tombée enceinte d'un autre homme est tabou dans notre culture. C'est scandaleux de soutenir cela sur la base de l'égalité."
Le juriste musulman Muhammad Abduruaf est tout aussi opposé au projet de loi. Selon lui, les autorités tentent d'imposer "des idées occidentales". Lui aussi soulève le problème du droit à l'héritage : "de qui l'enfant hérite et qui hérite de l'enfant ? A qui va la pension alimentaire ? Ou la garde de l'enfant ?"
La polyandrie est légale au Gabon et au Kenya, où elle est pratiquée par les Masaïs. Ailleurs, elle a souvent été poussée à la clandestinité, sous la colonisation.
Le professeur Collis Machoko a étudié la situation dans son pays. Il a interviewé 20 Zimbabwéennes et leurs 45 maris. Selon lui, les hommes qui ont des dysfonctionnements sexuels ou craignent le divorce acceptent de partager leur épouse et les enfants sont élevés par toute la famille sans que cela crée des conflits.