L'Afrique centrale observe les putschs en Afrique de l'Ouest
4 août 2023Au lendemain du coup d'Etat du 26 juillet au Niger, les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum ont expliqué leur acte par l’incapacité du président élu à préserver la sécurité des Nigériens face au terrorisme, mais aussi la mauvaise gouvernance économique.
La junte malienne aussi avait avancé des arguments similaires. Des arguments qui s’émoussent avec le temps, d’après Georges Kapiamba : “On voit au Mali, là où ils sont passés et ont prétendu que s’ils arrivaient au pouvoir, ils règleraient le problème de l’insécurité. Cela fait plus de deux ans et le même problème se pose. Donc, cet argument-là est farfelu et personne ne pourra les écouter".
L'avocat et défenseur des droits de l’homme en République démocratique du Congo, ne pense donc pas que la RDC courirait le risque d’un putsch. "Le mental des Congolais est maintenant tourné vers la consolidation de la démocratie", conclut-il
Mais, l’Afrique centrale a connu aussi des tentatives de coups d’Etat. Le Gabon, en juillet 2019, par exemple.
Louis Keumayou, journaliste camerounais spécialiste de l’Afrique centrale, explique que “les personnes qui sont en place ont une vraie emprise sur la population, sur les armées, et tiennent tellement les arcanes du pouvoir qu’il y a peu de chances qu’il leur échappe".
Sentiment anti-gouvernement français
Louis Keumayou cite une autre raison : le ressentiment “anti-Français“ serait plus répandu en Afrique de l'Ouest francophone, même si cette hostilité est, selon lui, en train d’être attisée également en Afrique centrale francophone.
“Les dirigeants sont là contre la volonté des populations, avec un soutien massif de la France et des pays de l’OTAN. Aujourd’hui, c’est à la France qu’on fait payer cela et c’est le même dénominateur commun que vous retrouvez dans les batailles aussi bien en Afrique centrale qu’en Afrique de l’Ouest. Et je suis bien convaincu que les mêmes causes qui ont provoqué des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest auront les mêmes effets en Afrique centrale avec un changement qui arrivera, soit parce que la volonté des peuples sera respectée dans les urnes, soit parce que les armées prendront le pouvoir par la force et renverseront ceux qui sont là actuellement.”
Bien que certains intellectuels africains soulignent que le sentiment anti-gouvernement français n’est bien souvent qu’un prétexte : la mauvaise gouvernance est avant tout le fait des dirigeants eux-mêmes et c’est auprès de leur propre population qu’ils doivent en rendre compte.