Un gouvernement taliban pour l'Afghanistan
8 septembre 2021Un gouvernement composé exclusivement d'hommes, tous talibans, ce n'est pas exactement ce qu'attendaient les Afghans et la communauté internationale.
Plusieurs proches du mollah Omar, fondateur du mouvement islamiste, figurent dans la nouvelle équipe, à commencer par le Premier ministre, Mohammad Hassan Akhund, ou encore Abdul Ghani Baradar, numéro deux du futur exécutif.
Il a notamment mené les négociations à Doha qui ont conduit au retrait des forces américaines et il est rejoint par un autre négociateur, Amir Khan Muttaqi, nommé chef de la diplomatie, tandis que le ministère de la Défense revient au mollah Yacoub, fils du mollah Omar.
Si la plupart de ces noms figurent sur la liste noire des Etats-Unis, celui du futur ministre de l'Intérieur fait particulièrement grincer les dents des Occidentaux : Sirajuddin Haqqani.
Le FBI américain a mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars. Il est considéré comme l'instigateur de nombreux attentats-suicides en Afghanistan, dont celui contre l'ambassade d'Allemagne à Kaboul en 2017. Son oncle, Khalil Haqqani, également recherché par les Etats-Unis, se voit lui aussi confier un portefeuille ministériel.
Le gouvernement afghan devra faire ses preuves
Le reste de l'équipe sera dévoilé dans les prochains jours mais les premières annonces ne sont pas jugées encourageantes par les Occidentaux qui cherchent encore une approche commune face aux talibans.
L'Union européenne et les Etats-Unis déplorent ainsi l'absence de femmes et la présence de personnalités contestées dans le futur gouvernement, même si les Etats-Unis soulignent qu'ils "jugeront sur les actes". En visite en Allemagne, le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a déclaré que les talibans devraient "gagner leur légitimité auprès de la communauté internationale". La Chine a de son côté salué la "fin de trois semaines d'anarchie".
La formation d'un gouvernement "inclusif et représentatif" est l'une des conditions posées par les Européens pour que des relations diplomatiques puissent s'établir avec le nouveau pouvoir. Bruxelles veut pour l'instant maintenir son aide humanitaire à la population afghane, menacée de famine, mais elle attend aussi de voir les actions du futur gouvernement concernant le respect des droits fondamentaux.
Toutefois, le retour dans le gouvernement du ministère pour la Promotion de la vertu et la répression du vice, qui faisait régner la terreur lors du précédent régime taliban entre 1996 et 2001, n'est pas un bon présage.