Affaire Navalny : le projet Nord Stream 2 menacé
7 septembre 2020Long de 1 200 kilomètres, Nord Stream 2 doit relier la Russie à l'Allemagne en passant sous la mer Baltique et acheminer quelque 55 milliards de m3 de gaz par an en Europe. Le tuyau sera exploité par le géant russe Gazprom. Le projet est cofinancé par cinq groupes européens pour près de 10 milliards d’euros.
Mais, depuis que la Russie est soupçonnée d’être derrière l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, le ton s'est durci.
Berlin, Paris, Londres, Washington, tous pressent Moscou de fournir au plus vite, des explications sur l’empoisonnement de l’opposant.
L’Allemagne qui assure en ce moment la présidence tournante de l’Union européenne (UE), va débuter des discussions sur de possibles sanctions contre la Russie si Moscou ne livre pas "dans les prochains jours" des explications sur l’empoisonnement d'Alexeï Navalny.
Nord Stream 2 un projet gigantesque
Au sein de la classe politique allemande, des voix demandent même que le gigantesque projet gazier entre la Russie et l’Europe, le projet Nord Stream 2, soit visé par ces sanctions. Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, ne l’exclut pas mais il reste prudent car les enjeux politiques et économiques sont gigantesques :
"Il y a encore de bonnes raisons pour ce projet de pipeline qui est déjà en cours de réalisation, sinon ce projet n'existerait pas. Plus de 100 entreprises européennes sont impliquées dans ce projet, dont la moitié sont allemandes, et prendre des mesures contre ce projet les affecterait également. Et ceux qui sont contre le projet, ceux qui demandent maintenant qu'on s'en retire, ont toujours été contre ce projet pour des raisons économiques, écologiques ou politiques. Mais je pense que ce serait une erreur d'exclure dès le départ que ce qui se passe maintenant puisse avoir un impact sur le projet".
Le chantierNord Stream 2 est terminé à 95 %, mais il est interrompu depuis décembre 2019, à cause de sanctions américaines. Sur les 1.200 km de tuyaux nécessaires, à peine 150 km restent à poser au fond des eaux.
Après l’empoisonnement, en 2018, en Grande Bretagne, de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal, la Russie s’était vue imposer une série de sanctions de la part de plusieurs pays occidentaux. Des sanctions qui s’étaient ajoutées à celles que lui avait déjà valu l’annexion de la Crimée en 2014 .