Abdelaziz Bouteflika a démissionné
2 avril 2019Le président algérien, 82 ans, a informé le Conseil constitutionnel de sa démission "à compter d'aujourd'hui" mardi 2 avril. C'est ce qu'ont annoncé les médias officiels algériens en milieu de soirée.
Quelques heures plus tôt, l'armée algérienne avait mis en cause l'autorité de la présidence. Le chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, avait demandé que soit "appliquée immédiatement" la procédure constitutionnelle permettant d'écarter le chef de l'Etat du pouvoir, jugeant que le communiqué annonçant hier lundi le départ de M. Bouteflika avant la fin de son mandat le 28 avril n'était pas crédible. Ce communiqué aurait été écrit par des "entités non constitutionnelles et non habilitées", selon les termes utilisés par l'armée.
Little Big Man
Ce mardi 2 avril marque donc la fin d'un règne en Algérie. Tout avait commencé pour Abdelaziz Bouteflika en 1956. Il a à cette époque 19 ans. Il est né le 2 mars 1937 à Oujda dans cette ville marocaine située à la frontière avec l’Algérie.
Comme la plupart des jeunes de sa génération, il quitte ses études pour répondre à l'appel du Front de Libération Nationale (FLN) pour lutter contre la présence coloniale française. Il intégrera ensuite les rangs de l’armée de libération nationale.
Et quand Ahmed Ben Bella devient président au lendemain de l’indépendance proclamée en 1962, Bouteflika, déjà député de Tlemcen, est nommé ministre de la Jeunesse. Mais sa carrière politique sera véritablement lancée en 1965 quand le nouveau président dont il était un des fidèles, Houari Boumediène, le confirme définitivement au poste de ministre des Affaires étrangères. Une ascension fulgurante.
Celui qu’on surnomme "Little Big Man" en référence à son jeune âge et à sa petite taille, un mètre cinquante-neuf, portera la voix de l'Algérie pendant 15 ans. Mais à la mort de Boumediène, Abdelaziz Bouteflika connaît une traversée du désert et passe six ans en exil.
En 1987, Abdelaziz Bouteflika revient en Algérie dans un contexte de contestations sociales. Il réintègre le comité central du FLN et se relance à tout petits pas dans la vie politique algérienne.
En 1991, l’annulation des élections législatives que le Front islamiste du salut (FIS) a largement remportées enfonce l’Algérie dans une guerre civile à laquelle Bouteflika tentera de mettre fin après son accession au pouvoir le 15 avril 1999. Il offre l’amnistie puis le pardon aux islamistes. Mais l’appui dont il jouit de la part des militaires fait des mécontents.
L'AVC en 2013 et le mandat de trop
En 2008 une nouvelle révision de la constitution lui ouvre la porte à un troisième mandat. S’appuyant sur les ressources pétrolières Bouteflika lance des chantiers tous azimuts.
Mais en 2013, un AVC ébranle le président. Sa dernière apparition en public date d’un an plus tôt. Depuis, il communique par des lettres adressées à ses concitoyens choqués de voir leur président sur une chaise roulante. Malgré tout, le quatrième mandat sera consommé. Un quatrième mandat entamé sous la prolifération des scandales financiers et politiques.
Seul bémol : Bouteflika réussit enfin à limoger le patron des services de renseignements pour ne pas être, comme il l’a laissé entendre, "un président aux trois quarts" mais dans le pays, tout le monde sait qu'en vérité, le président ne gouverne plus depuis longtemps.
Le 10 février 2019, l’annonce qu’il veut briguer un cinquième mandat jette les Algériens dans la rue. Ils demandent le départ non seulement de Bouteflika mais de tout le système. Abdelaziz Bouteflika part en premier.