Au Sénégal, les étudiants retournent à l’Ucad de Dakar
8 mars 2024Au Sénégal, traversé par une crise politique, les premiers cours ont eu lieu le 26 février dernier, et depuis, les autres cours en présentiel reprennent petit à petit, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, après neuf mois de suspension suite aux manifestations de juin 2023.
A l’époque, des bâtiments, des véhicules, des matériels didactiques avaient été saccagés et pillés par des manifestants.
Les quelque 15.000 nouveaux bacheliers inscrits cette année reprennent lentement les cours dans les 38 établissements que compte l’université.
Avec le retour en présentiel, les étudiants ont besoin de nouveaux documents, comme la carte des œuvres sociales qui donne accès à des soins médicaux, à un hébergement et à la restauration de l'université.
Talata Camara, habite la banlieue de Dakar. Elle est étudiante en deuxième année, à l’Ecole des bibliothécaires archivistes et documentalistes, l'Ebad.
Selon elle, "c’est très important parce que nous, nous habitons très loin. Déjà, ça nous fait moins de dépenses, moins de déplacements. C’est beaucoup plus facile pour nous d’habiter à l’université, d’y faire nos cours que d’habiter hyper loin et venir chaque jour faire cours".
Les cours en présentiel, un défi logistique pour certains étudiants
Si la plupart des étudiants semblent ravis de reprendre les cours en présentiel après neuf mois de suspension, à la suite des manifestations violentes et meurtrières de juin 2023, cette étudiante qui préfère garder l’anonymat, déplore que "le ramadan approche, le campus social est fermé, il y a des gens qui habitent dans les régions, comme nous qui habitons dans la banlieue. Ce n’est pas évident de se lever chaque matin et de venir jusqu'ici avec les embouteillages. C’est pour cela que nous ne sommes pas très contents."
En plus de ces problèmes logistiques, il y a aussi des difficultés dans les programmes.
Car contrairement à certains établissements comme la faculté de médecine et l’Institut des sciences de la Terre qui démarrent une nouvelle année académique, certains cursus devront d’abord boucler les programmes de l’année académique perturbée.
Rattraper le temps perdu
Cheikh Tidjane Gueye, étudiant en troisième année à l’Ebad, assure que “nous sommes largement en retard parce que si tout allait bien, nous devrions boucler notre Licence 3. Plutôt que cela, nous sommes en train de la démarrer. Nous ne pouvons pas rattraper le temps que nous avons perdu."
Ibrahima Ndoye se soucie de l’apaisement du climat universitaire. Pour le coordonnateur des écoles et instituts de l’Ucad, lui-même étudiant en Master 2, les amphithéâtres ne doivent pas être des relais des partis politiques.
Il estime que "notre mission première devrait être d’abandonner la politisation de l’espace universitaire, de supprimer l’ensemble des mouvements politiques. Mais ceci, nous ne pouvons le faire que de concert avec les autorités administratives."
En attendant, beaucoup demandent la réouverture du campus social. Mais seul un conseil d’administration peut décider de le faire.