Il y a 90 ans, la radio au service de la propagande nazie // La hausse des prix n'épargne pas les étudiants allemands
Lorsque la diffusion sur ondes courtes démarre en Allemagne en octobre 1923, 253 personnes seulement possèdent un appareil récepteur... et la licence qui leur permet d'écouter les programmes. Il faut dire que celle-ci coûte alors une fortune : 350 milliards de Reichsmark !
Dix ans plus tard, en 1933, la radio est devenu le média par excellence. Et même si les postes récepteurs sont encore très chers - plus d'un mois de salaire pour l'Allemand moyen - environ quatre millions de foyers peuvent suivre les commentaires enthousiastes qui accompagnent l'arrivée triomphale du nouveau chancelier Hitler à Berlin, le 30 janvier 1933.
La radio du peuple dans tous les salons
Les nazis reconnaissent très tôt le potentiel d'influence de la radio sur la population. Quelques semaines seulement après la prise de pouvoir d'Hitler, le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, oblige les entreprises Telefunken, Loewe et Blaupunkt à produire, sans tenir compte des coûts de fabrication, un appareil unique et bon marché : c'est le Volksempfänger - en français le "récepteur du peuple".
Le premier modèle est baptisé VE 30-1 - VE pour Volksempfänger et 30-1 comme 30 janvier. Il coûte 76 Reichsmark - l'équivalent d'environ 400 euros aujourd'hui. L'appareil est présenté au public le 18 août 1933 à la grande foire radiophonique à Berlin. Le succès est fulgurant : 100.000 exemplaires vendus en quelques jours.
Trois ans plus tard, en 1937, le président de la chambre de radiodiffusion, Hans Kriegler, dresse un premier bilan : "Le Volksempfänger a été le moteur de l'augmentation fantastique de la courbe d'audience au cours des quatre premières années du travail radiophonique national-socialiste."
L'arrivée sur le marché, en 1938, du "petit récepteur allemand" DKE38, surnommé la "gueule de Goebbels" dans le langage populaire, fait encore grimper le nombre d'abonnés, qui atteint 16 millions en 1943. Avec autant de foyers qui paient la redevance, les caisses du ministère de la Propagande sont bien remplies...
La redevance finance la propagande nazie
Evidemment, l'influence sur la population ne peut fonctionner que si le régime nazi prend le contrôle des programmes. Les stations de radio, d'abord indépendantes, sont regroupées sous l'égide de la "Reichsrundfunkgesellschaft". Tous les directeurs sauf un sont remplacés par des fidèles du régime. Joseph Goebbels ne laisse aucun doute sur ses intentions:
"Nous ne nous en cachons absolument pas : la radio nous appartient, à nous et à personne d'autre. Nous allons mettre la radio au service de notre idée, et aucune autre idée ne s'exprimera ici".
Le Volksempfänger permet de capter deux chaînes de radio: le Deutschlandsender et une chaîne locale. Les émissions commencent par "Heil Hitler".
Sur les magasins, des affiches publicitaires affirment que : "Toute l'Allemagne écoute le Führer avec le Volksempfänger". On peut d'ailleurs entendre très régulièrement Adolf Hitler dont tous les discours sont retransmis en intégralité. Comme en septembre septembre 1939, lorsqu'il annonce l'invasion de la Pologne, en réponse à une soi-disant attaque sur le sol allemand.
La radio, première source de désinformation
A partir du début de la Seconde Guerre mondiale, la propagande radiophonique revêt une importance particulière. La musique militaire remplace les danses, et on diffuse des nouvelles du front, de plus en plus enjolivées... Mais la radio propose aussi des programmes de divertissement pour faire oublier à la population les bombardements et la détresse des populations civiles.
Mais les Allemands croient de moins en moins ce qu'ils entendent à la radio. Beaucoup écoutent en secret les chaînes étrangères "ennemies" comme le programme en allemand de la BBC, ce qui est passible de la peine de mort.
C'est aussi sur une fausse information que le régime nazi se termine : le 1er mai 1945, la radio annonce qu'Hitler est tombé au combat après s'être battu jusqu'au dernier souffle contre les Bolcheviques. En vérité, le dictateur s'est suicidé dans son bunker berlinois.
Quelques jours plus tard, la guerre prend fin - et avec elle la propagande nazie. [Dans les années qui suivent, les alliés occidentaux mettent en place de nouvelles structures de radiodiffusion en Allemagne de l'Ouest. Avec un principe essentiel : la radio doit être indépendante de l'Etat. Elle ne doit jamais plus être mise au servie d'un gouvernement.
Le Volksempfänger, lui, résistera jusqu'au miracle économique avant de disparaître des salons des Allemands.
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